De la perception au concept et à la conscience - page 3

Au stade de la conscience d'ordre supérieur, la conduite résultant d'une mise en situation devra intégrer certains concepts générés par la mémoire, à partir d'expériences sensorielles, mais surtout produits par la pensée, à partir de concepts virtuels. Comparer des ressemblances, nommer, classer, expliquer c'est toujours relier. Cette séquence logique trouve sa correspondance physique dans la connectique cérébrale au sein des milliards de neurones et de synapses qui constituent le cerveau. Le cerveau éparpille vers les aires cérébrales correspondantes, olfactives, visuelles…l'enregistrement des informations sensorielles qui lui parviennent après les avoir canalisées par un circuit de convergence qui les mènent de l'hippocampe au gyrus cingulaire par le corps mamillaire et le thalamus. Une synchronisation s'effectue au niveau du lobe frontal. L'ensemble constitue une " carte neuronale " représentant les différents réseaux neuronaux activés de façon synchrone. Ces réseaux sont capables de se reconfigurer, voire de se multiplier pour constituer une formidable machinerie cérébrale, plastique et dynamique. Retrouver un souvenir c'est réactiver sa carte neuronale. Trois mécanismes de base caractérisent la mémoire de l'adulte : l'encodage, le stockage et la restitution, auxquels il faut ajouter un quatrième non moins important, l'effacement de l'information. Celui-ci intervient lorsqu'un souvenir n'est plus évoqué, par élagage neuronal ou par compétition avec de nouvelles connaissances remplaçant de plus anciennes. Ce mécanisme  de " nettoyage de notre disque dur " est indispensable à notre survie psychique car la conservation de la totalité de nos souvenirs constituerait un obstacle à la réflexion, à la formation de nouveaux concepts et au raisonnement. Très banalement, l'expérience du " mot sur le bout de la langue " pourrait rendre compte d'un mécanisme de blocage par un " mot écran " ou par un mécanisme plus complexe d'amnésie temporaire. La mémoire se constitue progressivement chez l'enfant. La première année de vie est marquée par l'acquisition de la mémoire procédurale, correspondant à l'identification des perceptions.  Puis apparaît à partir d'un an la mémoire sémantique, reliant la perception à une signification telle que le feu et la brûlure. A partir de trois ans se constitue la mémoire épisodique qui va permettre à l'enfant de développer des stratégies de mémorisation à partir de sept ans, autrefois considéré comme l'age de raison.

Quelle est la trace matérielle des souvenirs ? L'activité simultanée des neurones connectés modifie les connexions synaptiques entre ces neurones par un phénomène de plasticité ou de potentialisation à long terme conduisant à la constitution de cartes neuronales. Ce qui va permettre l'émergence d'une conscience d'ordre plus élevé ce sera l'apparition de circuits réentrants qui lient des performances sémantiques et linguistiques à des systèmes de mémoire catégorielle et conceptuelle. La conscience est donc un processus sous tendu par la structure et le fonctionnement du cerveau mais elle n'est pas en soi une entité matérielle.

Il peut paraître réducteur voire dégradant, de penser que le raisonnement intellectuel, voire les valeurs éthiques, puissent être le résultat de mécanismes biochimiques, au sein d'une structure cérébrale complexe mais il n'y aucune raison pour penser qu'ils soient, le fruit de mécanismes différents. C'est tout le problème de l'existence de l'âme, mais peut être y a t-il plus de grandeur à croire, qu'elle se forge dans la matérialité d'un cerveau humain, plutôt que de flotter dans des espaces éthérés. Que l'origine de la conscience soit d'ordre matériel n'empêche nullement d'avoir une vision riche de l'esprit du fait de la liberté infinie de nos pensées. " La conscience est au cœur du comportement humain, de la société, du langage et de la science. " Chacun de nous est un individu unique et important : " nous sommes profondément inscrits à la fois dans la matière du monde et dans celle de l'esprit. " Pour Damasio, il est impossible de distinguer conscience et esprit, conscience et conscience morale, conscience et le spirituel, l'ensemble constituant " une vaste région d'étrangeté qui situe les humains à part ". Résoudre le mystère de la conscience n'est pas résoudre tous les mystères de l'esprit. La conscience est un ingrédient indispensable de l'esprit humain créateur mais ce n'est pas le tout de l'esprit humain. L'éthique et le  droit, la science et la technologie, l'esthétique et l'art n'existeraient pas sans les merveilles de la conscience. " Mais la conscience est un lever de soleil….. Comprendre la conscience ne dit rien ou que fort peu sur les origines de l'univers, le sens de la vie, ou la destinée probable des deux ".

La vie des plus grands penseurs de l'humanité n'a t-elle pas pris naissance comme celle de tout autre mammifère de la rencontre d'un spermatozoïde et d'un ovule ? Les origines modestes et la nature mortelle de l'Homme n'empêchent pas les merveilles de son développement et la grandeur de sa destinée. Même si dans l'état actuel de nos connaissances, on n'explique pas tous ses mécanismes, pourquoi la conscience serait-elle d'une nature différente de la perception, de la mémoire et de la cognition ? " La question essentielle, qui éclipse toutes les autres, porte sur la manière dont les activations et les désactivations se produisant simultanément dans des régions distinctes peuvent se lier entre elles pour former un ensemble fonctionnel unitaire qui donnera la conscience. La preuve de l'existence d'un phénomène de liage n'explique pas comment celui-ci donne naissance à l'expérience consciente. "  Les interrelations neuronales sont certainement d'une complexité encore plus grande, conséquence de l'évolution de l'espèce, de l'histoire de l'individu lui même et de son environnement. La variabilité interindividuelle extrême, fait de l'individu un être unique, en interrelation étroite avec son passé - le temps - par sa mémoire et son environnement - l'espace - dans lequel il vit. Interrelation, car l'individu a la capacité d'influer sur le temps - futur - et sur l'espace qu'il peut moduler et transformer. L'évolution de sa personnalité, au sens psychologique, s'opère simultanément dans l'intimité de son système nerveux, par la neuroplasticité, en fonction de ce qu'il a vécu et du contexte dans lequel il vit. Cela n'implique donc en aucune manière une quelconque prédestination écrite dans les astres, ou dans je ne sais quel grand livre, mais l'homme a capacité à diriger sa vie et à influer sur son destin.

La volonté est le fruit d'une personnalité, forgée au fil de l'existence par l'individu, influencée par son entourage, son milieu social, économique et culturel, dans un cerveau où la génétique a son importance, mais n'est pas forcément déterminante. La volonté, aspect particulier de la pensée, suppose comme les formes les plus achevées de la pensée (mathématiques, art, philosophie, pensée transcendantale) une capacité d'abstraction, de conceptualisation, dont les formes les plus élaborées sont le propre de l'Homme. Néanmoins, le sentiment que nous désignons par le terme " volonté " n'est pas la cause d'un acte volontaire mais plutôt le résultat d'un état cérébral complexe, comportant de multiples réentrées, qui est la cause immédiate de l'acte. Les êtres humains, issus d'une séquence d'évènements hautement improbables et soumis à des contraintes extrêmement strictes par leur histoire et leur structure neurale, disposent cependant d'une extraordinaire liberté d'imagination, de pensée et d'action.

Dans la vie courante, la plupart de nos informations venant de notre environnement spatio-temporel sont d'origine sensorielle. Dans la vie intellectuelle, la réflexion personnelle ou les échanges avec d'autres individus vont se faire directement au niveau du concept. Ces échanges vont bien entendu nécessiter un vecteur sensoriel  la vue pour l'écriture, l'ouie pour la parole mais les sens agiront non comme source mais uniquement mode de transfert du concept. Parler c'est donner des objets une sorte de regard qui n'est pas celui des yeux. L'intelligence c'est l'aptitude à conceptualiser, l'enseignement la capacité de transférer et de faire comprendre les concepts.

L'intégration par le cerveau des perceptions sensorielles constitue une étape essentielle. L'imagerie cérébrale fonctionnelle permet désormais de visualiser le cerveau en activité. Récemment, il a été démontré que les autistes adultes ne peuvent activer la zone cérébrale dédiée à la perception de la voix humaine ni les aires cérébrales spécialisées dans la reconnaissance visuelle des mimiques du visage. L'approche, jusqu'à présent purement psychiatrique, d'une maladie, considérée d'origine essentiellement psychologique, est ainsi remise en question, comme le seront probablement dans un avenir plus ou moins proche nombre d'affections psychiatriques. La découverte d'anomalies biochimiques ou fonctionnelles à l'origine de ces affections ne dispensera pas pour autant d'une prise en charge psychologique, en raison du retentissement affectif et comportemental de ces désordres cérébraux. Ceci a été largement démontré dans la prise en charge de la douleur chronique où la seule prescription de traitements physiques ou pharmacologiques est vouée à l'échec en l'absence d'une prise en charge psychologique concomitante.

Quand on parle intelligence aujourd'hui, on ne peut aborder le sujet sans faire référence à l'ordinateur. Outre ses énormes capacités de stockage de mémoire, qui dépassent, et de loin, celles de toute mémoire humaine, il y a les capacités de calcul sans lesquelles les théories le plus avancées des mathématiques et de la physique  moderne n'auraient pu être proposées ni validées. Plus avant encore se situent les systèmes d'experts et l'intelligence artificielle. La seule similitude avec l'intelligence humaine est qu'il faudra programmer l'ordinateur avec un nombre élevé de situations face auxquelles le programmeur définira la réponse appropriée. A une situation simple, il sera aisé d'apporter une solution univoque. La situation se complique lorsque plusieurs données vont interférer impliquant une croissance géométrique du nombre des solutions appropriées à chaque cas. L'ordinateur qui aura à se mesurer à un champion d'échecs nécessitera d'avoir en mémoire le plus grand nombre possible de cas de figure sur l'échiquier et d'être programmé pour y apporter la solution adaptée. Pendant longtemps les Maîtres ont dominé l'ordinateur mais la situation est en passe de s'inverser. Dans le cerveau du champion, la réflexion n'est pas qu'une démarche binaire comme dans le processus informatique, mais il demeure toujours une part d'intuition et de créativité qui assure, pour un certain temps encore, la suprématie de l'Homme. L'ordinateur est capable de réaliser, et parfois mieux, certaines opérations intellectuelles communes au cerveau de l'homme, mais la comparaison s'arrête là car le processus mental et son substratum biologique est d'une toute autre nature.

Dans le sommeil paradoxal où les états de veille crépusculaire, tels que ceux au cours desquels cette réflexion s'est amorcée, le cerveau est capable de générer des interactions réentrantes, source de pensée. La neuro-imagerie fonctionnelle a montré que pendant le sommeil des réactivations de réseaux neuronaux peuvent être observés dans l'hippocampe et le cortex susceptibles de correspondre à un traitement ou une consolidation d'éléments mémorisés lors de la période d'éveil. En revanche, il n'a jamais été démontré qu'il puisse y avoir mémorisation de concepts suggérés pendant la période de sommeil.

Bien qu'un souvenir plus ou moins précis de pensées hypnagogiques ou de rêves puisse demeurer au réveil, il est rare d'en garder la mémoire et le plus souvent, on ne se souvient plus de rien au lever. Le cerveau fonctionne alors de façon autonome, en circuit fermé, indépendamment de perceptions provenant du monde extérieur, même si certains bruits, la lumière filtrant à travers les volets, puissent parfois jouer un rôle déclenchant. Les rêves, dont on dit qu'ils sont indispensables à la vie, comme le sommeil, constitueraient une sorte de fonctionnement autonome du cerveau. Il est habituel de dire que tout le monde rêve, mais que peu s'en souviennent. Ce qui fait la crédibilité d'un rêve, c'est la touche de mémoire qui le raccroche à l'individu. Ce qui en fait son charme, c'est l'imaginaire,  détaché des contraintes environnementales qui rend possible l'exceptionnel, l'idéal, l'irréel.

Nos rêves, comme nos pensées conscientes, nous appartiennent et peut être davantage. Le sommeil lève en effet un certain nombre d'inhibitions que l'on a lors de l'état conscient permettant l'émergence de désirs, l'assouvissement de fantasmes, ou suscitant des terreurs irraisonnées, les cauchemars. Les mécanismes permettant l'assemblage de concepts, à l'origine de la pensée consciente, fonctionnent de façon plus spontanée, sans doute moins contrôlée et la conscience que révèlent les rêves, est alors plus révélatrice de l'individu que la conscience à l'état d'éveil. Le terme d'inconscient en usage pour exprimer cette conscience dé-réprimée me paraît inadaptée car c'est la conscience elle même qui s'exprime hors de toute inhibition morale ou sociale. Le psychanalyste, le questionnement sous hypnose, ne font sans doute que révéler, ni un inconscient, ni un subconscient, mais la conscience débarrassée de ses inhibitions.

Ces mécanismes extrêmement complexes de la conscience sont susceptibles de dérèglements, d'origine pharmacologique ou pathologique, à l'origine des hallucinations.

Dans le rêve, le cerveau ne parle qu'à lui même sans être dérangé par les perceptions et les tâches requises par les réponses motrices. Dans la vie courante les perceptions sont souvent multiples et l'on imagine aisément que les bruits, les lumières, les odeurs… se perturberaient mutuellement et empêcheraient la transformation en sensations, saturant la cognition. Si je parle avec un ami sur le rivage, le bruit du ressac ne m'empêchera pas de suivre notre conversation et le bruit des vagues n'aura aucune influence sur l'échange de concepts qui meublent notre conversation. Il y a donc modulation, hiérarchisation des perceptions, sélection par l'attention qui focalisera sur une perception, les autres ne constituant qu'un bruit de fond. A l'inverse, si la conversation de mon interlocuteur est parfaitement insipide, le bruit des vagues pourra envahir mon esprit et m'emmener par le rêve bien au delà des mers.

Le fonctionnement interne de l'organisme normalement est caché (inconscient) au profit de l'activité consciente (émotions, sentiments, pensées). " La santé c'est la vie dans le silence des organes ". Qu'une douleur apparaisse, elle est capable d'obnubiler la conscience, d'envahir le comportement. A l'inverse, le yoga tout en faisant prendre conscience du corps, de la respiration notamment, libère l'esprit du corps.

L'imaginaire est une capacité majeure de l'esprit humain. Il réalise à partir de concepts disponibles de nouvelles configurations de pensées. Partant de cette définition, le " Musée Imaginaire " de Malraux permet de constituer une sélection d'œuvres d'art, avec pour seule référence, le goût de l'auteur, et de juxtaposer des œuvres dont la parenté transcende les siècles et les cultures. L'imagination de l'artiste, c'est aussi de proposer sa vision du monde à travers une approche picturale - l'impressionnisme, le pointillisme… -, l'abstraction ou le surréalisme. L'intuition ne semble pas pouvoir être " sine materia ". Elle est une capacité à faire surgir la nouveauté de pensée de concepts habituellement non reliés.

L'espace et le temps seraient selon Francis Kaplan des " formes de l'intuition sensible et par conséquent ne seraient que subjectifs ". Si l'on rapproche cette assertion du titre du livre où elle figure : " l'irréalité du temps et de l'espace ", il y a danger à confondre subjectif et irréel. La douleur est un phénomène subjectif mais quand on a mal, on ne dit pas que a douleur n'existe pas. La subjectivité est plus une réalité déformée. De même, on ne peut pas dire que le temps et l'espace sont irréels, même si la manière dont nous les appréhendons n'a que peu de choses à voir avec ce qu'ils sont réellement.

Plutôt que de dire apparemment réel, il vaut mieux dire réel selon des apparences, sans doute différentes de la réalité. Depuis la caverne de Platon, on sait combien les apparences peuvent être trompeuses ou différentes de la réalité et qu'il faut aller au delà. Même perçus subjectivement, cela ne suffit pas pour dire que le temps et l'espace n'existent pas, ils constituent même le cadre essentiel de notre existence.

L'intuition n'a rien de divinatoire. L'intuition féminine qui fait penser à une femme que son mari a une liaison, repose en fait sur la perception d'une trace de rouge à lèvres sur le col de la chemise ou la constatation de retards fréquents inexpliqués. L'intuition du savant sera souvent de rapprocher deux constatations qui feront jaillir l'idée nouvelle. La science progresse souvent en rapprochant des concepts éloignés en les unifiant dans une théorie plus générale. Parfois même une image fortuite fera surgir l'idée, comme Kékulé découvrant la structure cyclique du noyau benzène en voyant des brindilles se tordre dans le feu à la manière d'un serpent se mordant la queue. On rapporte que Fred Siguier décrivit la péri artérite noueuse ayant eu l'opportunité de voir deux malades présentant les mêmes symptômes dans deux lits voisins de son service. Comme dans la découverte de la pénicilline par Fleming, il y a souvent une part de chance dans la découverte, encore faut-il une intelligence prête à saisir le phénomène qui se présente et avoir l'intuition de ce qu'il représente.
Le second niveau implique une interaction entre les calculs effectués et une problématique, nécessitant une stratégie. Le troisième niveau est celui de la découverte ou de la création, selon que l'on considère les mathématiques comme préexistantes ou le fruit d'une production intellectuelle. Une intuition est donc beaucoup plus riche que les concepts qui l'ont engendrée mais seule une définition conceptuelle permettra de comprendre, de vérifier, d'échanger et d'utiliser l'idée née de l'intuition. L'intuition serait une illumination, comme l'étincelle qui naît de deux silex, appelés concepts qui engendreraient un nouveau concept. Bien que très différente par essence, on ne peut manquer de faire un rapprochement entre l'illumination de la découverte scientifique et la révélation mystique du Boudha Gautama, sous son arbre, de Paul Claudel, derrière son pilier de Notre Dame, ou de Saint Paul, sur le chemin de Damas.
Arbre de l'illumination de Bouddha. Bodhi.
Source : Wikipedia.

L'intuition et la capacité d'adaptation constituent deux niveaux supérieurs de l'intelligence, avec un point commun : l'anticipation du futur.

Ayant analysé les aspects psychologiques et comportementaux de la pensée, il est important de confronter ces données aux mécanismes de fonctionnement du cerveau tels que nous les connaissons à l'heure actuelle grâce au développement prodigieux des neurosciences. Dans " l'Homme neuronal ", Jean Pierre Changeux écrit, en 1979, le champ des neurosciences a connu " une expansion qui ne se compare, par son importance, qu'à celle de la physique au début de ce siècle, ou à celle de la biologie moléculaire, vers les années 50. La découverte de la synapse et de ses fonctions rappelle, par l'ampleur de ses conséquences, celle de l'atome ou de l'acide désoxyribonucléique. " Il a fallu des siècles pour démontrer et comprendre que le cerveau et non le cœur était " le siège des passions. " A la question : " Qu'est ce que l'esprit ? " Derek Denton répond : " L'esprit c'est ce que fait le cerveau. ".  Les progrès des neurosciences permettent actuellement d'apporter une explication scientifique aux mécanismes les plus complexes des perceptions, des sensations, de la mémoire et de l'intégration cognitive. " Les neurosciences ont progressé de façon fulgurante sur le plan de la chimie et de la génétique, mais aussi de l'apprentissage, des fonctions cognitives et de leur physique avec en particulier les progrès spectaculaires de l'imagerie cérébrale. ". Malgré la solidité de ses bases, malgré la complexité des mécanismes décrits, la connaissance du fonctionnement du cerveau reste très parcellaire et de nouveaux progrès sont faits constamment. L'image actuelle que nous pouvons avoir du fonctionnement cérébral est sans doute encore très éloignée de la " réalité ", mais les donnés actuelles de la science, confirmée au niveau des mécanismes les plus simples, nous permet d'envisager que les plus complexes relèvent des mêmes processus. Dire que la nature obéit aux lois de la physique, les êtres aux principes de la biologie est un postulat, le naturalisme. La science serait fondée sur cette notion selon laquelle toutes les manifestations de l'univers sont explicables par les lois connues de la physique et de la chimie. Cela suppose t'il que ces lois préexistent en dehors de l'esprit humain qui les découvrent ou sont elles le résultat de la conceptualisation des observations faite grâce aux sens et à l'organisation de ces concepts dans le cerveau humain ? Une théorie, même confirmée par l'expérimentation, demeure une abstraction qui ne fait qu'approcher la réalité, jusqu'à ce qu'une autre théorie la remplace. Parfois au plus près de la réalité dans les phénomènes physiques, on en est souvent éloignés dans les processus mentaux, plus complexes et comportant, sans doute, une part d'aléatoire. Le terme d'aléatoire est d'ailleurs sans doute inapproprié, ne faisant que masquer notre ignorance, comme le fait l'adjectif idiopathique concernant les maladies dont on ignore la cause jusqu'à ce qu'on la découvre.

Nous connaissons actuellement le " modèle de base de la vie ", tous les organismes vivants connus descendant d'une forme unique de vie ancestrale. La vie est une. Les protéines, les séquences d'acide désoxyribonucleïque accomplissent les mêmes fonctions dans des organismes très différents. Toutes les cellules d'un être vivant portent en elles l'ADN complet de l'animal ou de la plante dont elles sont le constituant élémentaire. Virchow disait : " Tout animal apparaît comme la somme d'unités vitales dont chacune porte en elle tous les caractères de la vie. " Chaque cellule possède l'équipement génétique complet permettant de refaire tout l'être vivant,et donc d'effectuer une analyse génétique et théoriquement un clonage. La vie est apparue sur terre il y a environ quatre milliards d'années. Il existe probablement ailleurs dans le cosmos des substances organiques, y compris des acides aminés, mais nous ignorons totalement si la vie existe sur d'autres planètes.
L'hyperordinateur
Source :  NASA.
Stuart Kauffman effectuant des simulations sur ordinateur de " vie artificielle " a démontré une aptitude intrinsèque à " s'auto organiser ",  à créer de " l'ordre à partir de rien " et Paul Davies invoque " un nouveau type de loi physique pour expliquer l'aptitude à la vie ". Il est envisageable d'appliquer l'évolution darwinienne aux protéines et ADN : changements accidentels d'un acide aminé de la séquence, sélection naturelle, aptitude des variantes à survivre dans des conditions environnementales prévalentes. On peut s'arrêter là sans évoquer comme Henri Bergson " l'évolution créatrice ", comme Pierre Teilhard de Chardin un finalisme permettant de réconcilier science biologique et foi catholique ou de recourir à une " conception intelligente " comme William Dembski, promoteur du mouvement de l'intelligent design. Sans aller jusqu'à la recherche d'une explication, deux conceptions s'opposent sur l'origine de l'apparition de la vie dans l'univers. Celle de Jacques Monod : "  L'univers n'était pas enceint de la vie, ni la biosphère de l'homme. "  et celle de Christian de Duve : " Nous appartenons à un univers capable de donner naissance à la vie et à l'esprit. "
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